Covid... Prier et agir

Parabole des deux serviteurs et vie dans la communauté de Lublin

La pandémie de Covid 19 nous a prises par surprise. Personne, même doué d’une grande imagination, n’aurait pu prévoir la vie dans laquelle nous avons plongé. Cette nouvelle situation a fait surgir des sentiments variés en chacune de nous. Quelquefois, c’était l’incroyable : « Est-ce possible que ce soit vrai ? » Parfois ont surgi la détresse, la peur de la maladie ou même de la mort…Et d’autres fois la colère et l’impuissance devant ces circonstances qui nous forcent à rester à la maison. Comme de ‘’bonnes missionnaires’’, avec toute la communauté de Lublin, nous nous sommes jointes  aux ferventes prières du monde entier pour demander la fin de cette pandémie aussi rapidement que possible. Moi aussi, c’est ce que j’ai demandé au Seigneur. Un jour cependant, un doute a surgi dans mon cœur : ma prière cherche-t-elle vraiment la volonté de Dieu ? Ce doute avait été semé en moi par une parabole de Mgr Aupetit, l’archevêque de Paris, dans une de ses homélies :

« Un homme avait deux serviteurs. Un jour, il leur demanda de porter 4 sacs de 20  kg de farine à son ami qui vivait dans une petite maison au sommet d’une haute montagne. Bien sûr, c’était très difficile : 40 kg de farine, en haut de la montagne !

Ses deux serviteurs, des hommes religieux, commencèrent à prier ; ils prièrent longtemps, avec ferveur et retournèrent vers leur maitre pour prendre les sacs et se mettre en route. Le maitre dit au premier : « Je pense que mon ami aura suffisamment avec un peu moins de farine ; prends seulement un sac ». Il fut très heureux, prit donc un seul sac de 20 kg et partit vers la haute montagne. Le second reçut deux sacs de 20 kg, comme convenu, et se mit en chemin. Ils arrivèrent au sommet ensemble. L’ami de leur maitre  remercia le premier et félicita le second : « Bravo ! Vous avez porté un tel fardeau jusqu’ici ! »

Ayant achevé leur mission, sur le chemin du retour, le premier dit au second : « Tu vois, j’ai demandé à Dieu de diminuer mon fardeau. Et Dieu m’a entendu ; j’ai eu seulement un sac à porter. » L’autre lui dit : « Tu vois, j’ai aussi prié Dieu de toutes mes forces. Je lui ai demandé de me donner assez de force pour porter ces lourds sacs. Et Dieu m’a entendu ! »

L’archevêque a terminé son homélie par ces questions :

« Et vous ? Comment priez-vous ? Comme le premier serviteur en demandant à Dieu d’oter vos fardeaux ? Ou bien demandez-vous à l’Esprit Saint de vous donner la force et le pouvoir de faire face à la vie, à ses problèmes et ses peurs avec un plus grand amour, parce que cela vous aidera à vous ouvrir pour accueillir ses dons et ses grâces ?...

 

J’ai pensé que nous les ‘’bonnes  missionnaires’’, nous prions exactement comme le premier serviteur. Mais Lui, Dieu, veut nous donner le pouvoir de l’Esprit Saint pour faire face à ce moment, pour bien le vivre et pour fortifier nos cœurs dans son amour. La peur ne va pas nous protéger de la maladie, l’impuissance ne va pas vaincre le virus et si notre heure vient, c’est que Dieu a choisi cela pour nous. Alors cette réflexion m’a aidée à regarder un peu différemment les évènements récents de notre communauté de Lublin. En voici quelques-uns

 

- Peu après le début de l’épidémie en Pologne, une campagne de ‘Masques pour le service’ a démarré à Lublin ; on a demandé de plusieurs cotés notre aide pour coudre des masques. Difficile de refuser, nous avons uni nos forces et commencé puisqu’ils nous l’avaient demandé

- A peine les masques terminés, le téléphone sonne et on nous demande de nous joindre à la campagne ‘Masques spirituels’ : prier pour des malades et leur familles. On nous a confié les noms de 10 malades hospitalisés à Lublin. Nous avons partagé ces noms et commencé à prier pour eux

- Le centre d’aide psychologique de Lublin cherchait des volontaires pour l’accompagnement par téléphone durant la pandémie… Ils ont trouvé une sœur disponible dans la communauté

 

 

- A la fermeture des écoles, notre voisine, une maman célibataire avec deux enfants, nous a appelées dans sa détresse : elle doit aller travailler, sinon elle perd son job, et personne pour s’occuper de ses enfants. Bon, que faire sinon lui dire que nous allons les accueillir et en prendre soin chaque jour

- Au même moment une autre amie qui élève trois enfants nous demande le même service. La communauté du pré-noviciat a répondu à l’appel…

- Quelques jours après une autre maman de cinq enfants téléphone, cherchant de l’aide. Après tout, nous voulons soutenir les familles nombreuses…Nous avons pris les deux plus petits…Le nombre d’enfants a augmenté chez nous, en essayant de garder les bons gestes et les bonnes distances

Je pense que nous ne serions jamais entrées dans tout cela si la pandémie n’avait pas été là. Grâce à Dieu, qui nous a ‘obligées’ à accepter ces nouveaux appels et à ouvrir nos cœurs, à dépasser nos peurs et nos angoisses… et quelquefois notre paresse. La pandémie finira probablement un jour, mais la question du ‘comment nous avons vécu ce temps’ demeurera.

 

L’archevêque de Paris a conclu son homélie ainsi :

« S’il y a un peu d’amour dans nos cœurs – juste comme une graine de moutarde- Dieu peut en faire un grand arbre, plein d’amour où les oiseaux viendront se nicher. Tout ce que vous avez à faire est de planter cette semence dans votre cœur et de laisser Dieu la faire grandir. Tout ce que vous avez à faire est de laisser Dieu agir »

Sr Maria Spychalska fmm, Lublin (Pologne)

 

 

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