Les habitants vivent presque tous de petits commerces ou vendent des produits espagnols qui ont passé la frontière grâce à la contrebande. La particularité de cette ville est que dans les montagnes qui entourent Nador vivent les frères subsahariens qui essayent de passer de l’autre côté, à Melilla en sautant la clôture, ou dans la ‘grande Espagne’ en ‘zodiac’, pour avoir une vie meilleure et aider leur famille restée dans leur pays d’origine.
Notre communauté y est présente depuis un an et demi, insérée dans le diocèse de Tanger. Nous collaborons avec la Délégation pour les Migrants, de Tanger, zone de Nador. La délégation a trois projets qui essayent de répondre aux nécessités de base de ces frères et de ces soeurs qui vivent cachés dans les montagnes.
1. Le projet socio-sanitaire. Il touche les problèmes de santé des migrants, les envoyant dans les centres sanitaires du gouvernement marocain, fournissant des médicaments et des traitements si c’est nécessaire, en portant une attention spéciale aux femmes enceintes et aux enfants.
2. La Maison d’Accueil, ‘La Joie’. C’est un espace dans lequel les migrants se remettent des blessures causées par les tentatives de sauter la clôture ou les agressions de types divers. Les femmes qui ont accouché passent un moment pour se reposer et reprendre des forces. La responsable de la Maison d’Accueil est Guadalupe Zuniga, fmm, et nous sommes toutes présentes de différentes manières pour accompagner le processus de rétablissement physique et affectif de nos frères et de nos soeurs.
3. Le projet d’accompagnement dans les différents camps. Actuellement on compte 22 camps et il s’agit de visiter chaque jour les différentes installations où ils vivent, détecter les nécessités urgentes, les aider matériellement. C’est avant tout un moment pour partager leur vie, écouter leur tristesse mais aussi leurs rêves et leurs espérances. Sr Rosy et Sr Fidela, nous sommes responsables de ce service.
A cause de la réalité frontalière, de l’éloignement des campements et de la précarité de la vie ils souffrent beaucoup. Pour obtenir de la nourriture ils doivent parcourir un long chemin, de même pour avoir de l’eau. Quelques femmes viennent en ville pour mendier aux feux rouges et demander de la nourriture, surtout le vendredi à la porte des mosquées.
Mais au milieu de tant de souffrances nous trouvons des frères marocains qui ont bon coeur, sont solidaires, généreux et attentifs à leurs frères migrants. Nous le constatons quand ils sont hospitalisés, quand ils vont chercher de l’eau ou quand ils mendient. Ce sont de petits signes d’espérance qui nous donnent la force de poursuivre le service que Dieu nous a confié, sachant que c’est Lui qui transforme les coeurs et donne la force à qui la lui demande.
Nous sommes des témoins… nous les accompagnons, leur donnons du courage et ils savent qu’ils peuvent compter sur nous au moment voulu. Ils ont confiance en nous et viennent nous chercher lorsqu’ils sont malades. Ils nous disent : mama ‘boza’ – ‘sauvés’ en langue camerounaise - lorsqu’ils arrivent en Espagne !
Nous nous réjouissons et nous souffrons avec eux ! C’est à cela que nous servons dans la Délégation Migration. Ils ne sont pas des statistiques, ni des numéros, ni une avalanche humaine, se sont nos frères. Nous avons la foi et croyons dans le Dieu de la Vie qui avance par des chemins mystérieux.
Nous espérons qu’un jour nous arriverons au but et à une vie plus digne où il n’y aura plus d’exclusion à cause de la race ou de la religion. Nous sommes tous égaux, fils et filles d’un même Père !
Lupita Zuniga, Rosy Xavier,
Fidela Borquez, fmm