Les conditions climatiques imprévisibles qui sont la cause de rendements agricoles de plus en plus faibles, le manque d’agriculteurs, les méthodes de production rapide et à bon marché des entreprises - revers de la médaille de la mondialisation - le manque d’équipements de base, etc., forcent les villageois infortunés à émigrer vers les villes à la recherche de quelques revenus, laissant par derrière leurs maigres possessions et leur terre, les anciens et les laissés-pour-compte.
La prolifération des bidonvilles est un épouvantail pour ce que l’on appelle ‘l’expansion urbaine’. Les migrants sont forcés de vivre dans des maisons précaires ou dans des baraques sur les trottoirs et les décharges des villes. De plus, les conflits sociaux grandissants ont comme résultat leur marginalisation, et ils deviennent la proie de ceux qui recherchent des avantages politiques. Ces gens sont très vulnérables car ils manquent d’éducation et sont facilement exploités par de mauvais éléments, ce qui conduit beaucoup d’entre eux à rejoindre des groupes antisociaux. Les enfants sont les plus fragiles, ils trainent dans les rues, sans but, et sont aisément influencés par des forces négatives.
Un jour j’ai vu dans les rues de Pune un petit garçon trainé par une femme qui était apparemment sa mère. J’ai essayé de sauver l’enfant des griffes de sa mère et j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup d’enfants dans les rues et le voisinage, errant, mendiant, jouant, se battant, etc. J’ai été appelé par Dieu à m’occuper de ces malheureux enfants, qui sont l’espoir de la société de demain. Notre communauté de Maria Assunta a été heureuse d’aider ces enfants, de les guider et de donner un sens à leur vie.
Avec l’accord de la communauté et de la provinciale, le mouvement Prachodana (qui signifie ‘Inspiration’) est né. Ce fut vraiment un tournant voulu par le Seigneur qui nous a conduites à commencer ce Programme pour les enfants. Après quelques jours de rencontres avec les parents et les anciens du bidonville, les parents ont été convaincus qu’ils devaient envoyer leurs enfants à la maison Maria Assunta. Les enfants étaient désireux d’apprendre et de grandir dans une ambiance sereine et sûre.
Nous avons commencé avec une poignée d’enfants et maintenant nous en avons plus de 200 qui viennent chaque jour vêtus proprement, avec cartables, livres, et tout ce dont ils ont besoin pour étudier. Voyant le travail qui se faisait nous avons cherché des volontaires pour faire la classe à ces enfants, chacun en fonction de sa discipline. Les professeurs se sont engagés à enseigner aux enfants selon leurs possibilités et leur niveau de compréhension, afin qu’ils puissent rattraper le niveau et correspondre aux exigences de l’enseignement normal des écoles.
Nous avons commencé à leur inculquer des valeurs utiles pour la vie, et nous espérons à travers eux améliorer les conditions de vie de leur famille. Nous célébrons toutes les fêtes nationales et culturelles, ce qui facilite l’unité, la gaieté et l’amitié. Les enfants ont participé à un forum où ils ont pu exercer leurs talents et leur créativité. Nous avons célébré Diwali, le festival des lumières et des couleurs. On leur a expliqué le sens et le message de ce festival et les enfants ont eu la possibilité d’exercer leur imagination et de produire de fabuleuses créations d’art et de musique. C’était merveilleux de les voir participer de tout leur cœur, comme un unique peuple de Dieu, sans distinction de religion, de croyance, de provenance ou de caste.
Nous avons célébré Noël par une prière d’action de grâces avec tous les membres des familles, les amis et les parents. Les festivités qui ont suivies ont été très applaudies. Le partage et l’affection que les gens ont montrés ont été très encourageants. Les célébrations de Dussehra et Id ont été une autre occasion d’harmonie et de partage. Beaucoup de gens se sont offerts comme volontaires pour participer à la réussite de ces célébrations. Une rencontre des parents a été organisée afin de les responsabiliser, de leur montrer l’importance de l’éducation et l’influence que peuvent avoir les parents sur les enfants et vice-versa, et comment une intervention positive et une interaction sont nécessaires pour le bien-être total de leurs enfants. C’était bon de voir ces parents d’origine, de langue ou de religion très diverses, créer des liens harmonieux, entre eux, avec les professeurs et avec les élèves.
Une rencontre avec les volontaires a permis aux plus jeunes de raconter leurs histoires, de partager leurs souffrances et leurs angoisses. La prière qui a suivi leur adonné force et réconfort. La parole de Michael Murdock s’est révélée juste : « Les cœurs brisés sont des maîtres pour réparer ». La campagne sanitaire qui a été organisée a été très bénéfique, à la fois pour les enfants et pour leurs parents. Les médecins ont créé une vraie prise de conscience concernant la santé, l’hygiène et les mesures préventives. La campagne concernant l’homéopathie a éclairé sur les médecines alternatives et sur la façon de les utiliser pour se garder en bonne santé et heureux. Cela a permis de minimiser l’utilisation des médicaments chimiques. Enfin une campagne sur l’hygiène des dents a été aussi très utile car les enfants ne connaissent pas les techniques. Une formation aux arts martiaux a aidé les enfants à avoir davantage confiance en eux et à savoir se défendre. L’éducation artistique et l’apprentissage de la danse ne les ont pas aidés seulement à développer leur créativité mais aussi à donner libre cours à leur énergie refoulée. Les célébrations de la journée de l’amitié, la journée des enfants, la journée des professeurs, etc. ont créé une grande camaraderie et un esprit communautaire. La ‘journée orange’ a été instituée pour une prise de conscience du trafic des êtres humains, spécialement des enfants. Les études, les activités extra-scolaires, l’enga-gement dans les différents programmes, ont aidé ces en-fants à exceller et à montrer des qualités extraordinaires, autant qu’à grandir comme citoyens. Notre campus éclate de vie avec ces enfants, et leurs visages innocents rempli l’espace et illumine tout le monde.
A travers ces enfants nous pouvons rencontrer les familles et tous les adultes de la localité. Il est bon de savoir qu’il y a beaucoup de personnes généreuses dans le coin, y compris nos paroissiens, les internes du foyer, les voisins. Des étudiants des différentes congrégations reli-gieuses sont prêts à aider ces enfants en s’engageant dans nos programmes. Cette année nouvelle est pleine de promesses !
Mariyam Joseph Sherly, fmm