Ce samedi-là, le 26 octobre, la journée s’annonçait très belle dans la ville de La Madeleine, près de Lille. En effet, la chaleur et la clarté n’ont pas seulement envahi le ciel, mais aussi nos cœurs, et surtout le cœur de notre sœur Fanny Le Balle, qui dans la joie et la paix prononçait ses vœux définitifs dans notre Institut.
Vibrante et dynamique, Fanny s’est laissée modeler par le Seigneur tout au long de sa vie, jusqu’à ce moment de grâce où elle s’est donnée pour toujours. Entourée par sa famille, les sœurs fmm, ses amis, elle a célébré l’Amour rayonnant de Jésus dans sa vie, s’engageant par les vœux de chasteté, d’obéissance et de pauvreté.
Tout le monde avait une place à cette fête : les enfants avec la procession des lumignons - élaborés par les femmes en détention que Fanny accompagnait dernièrement-, la famille de Fanny venue l’entourer avec tendresse, les paroissiens et les voisins. Les sœurs, d’origines et cultures différentes, jeunes comme âgées et même celles de Lille en fauteuils roulants, étaient venues nombreuses pour l’occasion. Les prêtres également, entourant le célébrant, Mgr Laurent Le Boulc’h, archevêque de Lille.

Dans son homélie, Mgr Le Boulc’h a touché le point central de toute cette journée – les vœux. (Voici un extrait) :
« Aujourd’hui, vivre dans le choix libre de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance, dérange et interroge à la fois.
Cela dérange parce que la culture de notre société, si imprégnée encore de consommation des biens, de libéralisme sexuel et de quête d’autonomie individuelle semble à mille lieux de ce que propose une vie de religieuse.
Cela interroge aussi parce que la pensée gagne de plus en plus dans l’esprit des hommes et des femmes qu’une existence saturée par la course aux biens, le plaisir immédiat et la priorité donnée au moi, au lieu de se remplir, s’épuise et se vide. La joie espérée par ce chemin apparait aujourd’hui à beaucoup superficielle et illusoire. […]
La vie religieuse n’est pas un refus de la joie. Elle ne se résume pas tristement, comme l’imaginent certains, à un sacrifice permanent. Si elle appelle à quitter certaines joies, c’est pour en gagner une autre et devenir témoin de cette autre joie !
Car la vie religieuse ne prend pas son essor dans la joie du monde, mais dans la joie du ciel. C’est à partir de celle-ci, et non de l’autre, qu’elle construit des existences d’hommes et de femmes ici-bas, portées par la foi en la victoire de l’amour sur le mal et la mort. […]
Chère Fanny, c’est dans cette voie, exigeante et passionnante à la fois, décapante et surabondante de vie, que le Seigneur t’appelle. Te voilà engagée sur le chemin de la joie du Ressuscité, accueilli dans la prière, l’écoute de sa Parole, la vie sacramentelle, la vie fraternelle et la rencontre des pauvres. Cette joie t’est promise. »

Après la célébration eucharistique, une autre joie nous attendait : celle de partager un repas festif, de se raconter nos histoires, de mieux connaitre sœur Fanny par les témoignages, chants et sketches, de se régaler de la saveur des plats et de la présence de chacun.
La fête est terminée, mais la joie reste ! Cette joie de voir Fanny, une jeune femme de 37 ans, s’engager à vie, la joie de partager cette vocation contemplative et missionnaire avec elle, la joie de cheminer ensemble à la suite du Christ et de ne vivre que pour faire sa volonté, malgré les hauts et les bas, qui font partie de nos vies.

Pour terminer, je reprends la fin de la belle homélie du Mgr Le Boulc’h :
« Chère Fanny, sur ton chemin d’empressement joyeux d’une missionnaire de l’Evangile, nous te soutenons par notre prière et par notre amitié. Et nous te disons aujourd’hui simplement merci d’oser ainsi prendre le chemin des petits sur la route de Jésus qui mène à la joie promise. Amen. »

Sr. Ana Slivka, fmm

Credits photos: © Diocèse de Lille