Cet article est le fruit de son partage avec Paule Roudaut sur son parcours missionnaire.
La mission qui m’a le plus marqué a été la Guyane. Nous vivions dans un petit village, en pleine forêt, situé sur le bord du fleuve Maroni, à 4 km de l’estuaire. Nous étions à environ 200 km de la capitale. Il y avait plusieurs communautés FMM dans la région : une à St Laurent du Maroni, une autre à Apatou, et une encore à Albina.
Notre présence avait été demandée par la France : les sœurs venaient travailler dans les dispensaires et l’enseignement. La mission était difficile : pas d’eau courante, ni d’électricité… Personne ne voulait aller comme infirmière dans ce dispensaire. Les contrats étaient de 6 mois tant la mission était difficile. Il s’agissait de soigner et d’enseigner. Effectivement le pays étant animiste, il n’était pas question d’échanger, d’évangéliser.
La France était détestée et il ne fallait pas faire de faux pas. Nous vivions comme les habitants, dans une maison sur pilotis. Pendant un an, j’ai dit bonjour à tout le monde, mais personne ne me répondait. On se méfiait de nous. Très vite, j’ai fait la demande des fiches de l’OMS pour disposer d’outils utilisables sur le plan professionnel.
Le fonctionnement de la société était matriarcal. Les hommes allaient, venaient, avaient plusieurs épouses, de leur côté les femmes étaient chacune « maitresse » de leur propre foyer.
Le respect de la nature
Enfant, mes parents m’ont appris à respecter la nature et en Guyane, j’ai retrouvé ce respect vécu de manière encore plus marquée.
Un jour, une guérisseuse m’avait emmenée dans la forêt chercher des plantes. Avant de pénétrer dans la forêt, elle a dit une prière devant un grand arbre : « Pour aujourd’hui, j’ai besoin de telle plante pour soigner telle maladie », et elle a pris juste ce qu’il lui fallait. J’ai été émerveillée. Elle était animiste et reconnaissait son créateur. Là-bas, les ciels étaient magnifiques. J’avais l’impression d’être dans un temps biblique. Cette femme avait déjà en elle le sens du Dieu inconnu, mais connu à travers ses bienfaits. La population avait le même respect pour les animaux : ils ne chassaient qu’en fonction de leurs besoins.
Rencontrer ces animistes a été un choc pour moi et une découverte de mon ignorance de ce que sont les autres.
J’avais eu la chance de faire mes études aux hospices de Beaune, où se trouvait une école d’infirmière. Il y avait, à la pharmacie, une herboriste qui m’a partagé son savoir sur les plantes, cela m’intéressait particulièrement.
Après la Guyane, je suis allée au Togo. Il y avait 5 dispensaires de brousse. Là-bas, nous n’avons pas fait d’enseignement religieux à proprement parler. L’apostolat se fait autrement : il passe avant tout par le respect de l’autre. Le respect est fondamental, il annonce Jésus, il transparait dans le regard. Ainsi à sa naissance, la première chose que voit le nouveau-né, c’est le regard d’amour de ses parents.