J’ai fait la connaissance d’Ari à la communauté des Châtelets. Elle vient de Java en Indonésie où elle a grandi dans une famille catholique.
« Dans mon village, il y avait un prêtre jésuite hollandais qui venait nous rendre visite à vélo. A chaque fois qu’il venait rendre visite à notre village, tout le monde était content. Avant de repartir, il prenait le temps de bénir chacun et, quand il prenait la route, on s’amusait à courir derrière son vélo. Cela m’a marqué et je me disais : « Moi aussi un jour, j’irai plus loin ».
Après des études de comptabilité, Ari travaille à Jakarta dans une société privée pendant huit ans. C’est à l’occasion d’une conférence sur Marie, organisée en 2000 par des Tiers Ordre Séculiers Franciscains, qu’elle fait la connaissance d’une sœur FMM qui l’invite au noviciat de sa communauté. Ari est touchée par l’accueil simple et joyeux d’une sœur missionnaire espagnole, Marie-Thérèse Martinez. Celle-ci lui ouvre la porte de noviciat, son cœur est troublé, tout est dans la simplicité de son regard. Ari attendra encore quatre ans avant d’entrer chez les FMM.
Ari entre chez les FMM à 29 ans, le 8 décembre 2004, à un âge plus avancé que celui des autres pré-novices. Ayant connu une vie professionnelle pendant huit ans, l’indépendance et la liberté de vivre à son gré, l’entrée au pré-noviciat est pour elle un profond changement de vie : apprendre à vivre en communauté et s’adapter à un quotidien tout à fait nouveau.
Ari rentre au noviciat le 9 juillet 2006, prononce ses premiers vœux en 2008 et fait ses engagements définitifs en 2015, avec en tête toujours cette idée « d’aller plus loin », i.e. de cheminer plus loin vers l’Essentiel de l’offrande de sa vie.
En juin 2016, Ari arrive à Paris où elle apprend le français pendant un an seulement avant de commencer des études de théologie à l’Institut Catholique. Période laborieuse, tant il y a à apprendre, en plus de la langue, une nouvelle façon de penser, de réfléchir, une manière de vivre différente, d’exprimer ses sentiments et la vie. Apprendre une langue, en effet, ce n’est pas seulement assimiler des mots et une syntaxe, mais surtout comprendre de l’intérieur comment un peuple vit, exprime ses sentiments et sa façon de penser...
« Je découvre que derrière une langue il y a l’histoire d’un peuple dans toute sa dignité, son art de vivre, de réfléchir et même dans sa façon de se mettre en relation avec Dieu ». Et cette découverte m’aide beaucoup à vivre dans un monde universitaire international et dans une communauté internationale. Je les découvre en rencontrant d’autres étudiants et d’autres sœurs qui viennent d’ailleurs, d’autres pays d’Europe, d’Afrique, des Etats-Unis, d’Amérique latine ou d’Asie même. J’apprends sans cesse à respecter et à être attentive à la présence des autres. Et ce qui est beau dans tout cela, c’est que j’apprends à m’ouvrir de plus en plus aux autres, j’ouvre aussi ma façon de me mettre en relation avec Dieu, et vice-versa ».
« Pendant sept ans en France, je m’habitue à vivre dans une communauté internationale. Ici nous vivons toutes la richesse de la vie FMM : l’interculturalité et l’intergénération qui se vivent dans un esprit de fraternité, de simplicité, de joie, de charité, de miséricorde….
Ici aux Châtelets, Ari est visiblement très heureuse, d’être dans un lieu qui donne des sources toujours jaillissantes et rafraichissantes pour les Sœurs FMM. Et de se mettre à l’étude des écrits de Mère Marie de la Passion et de mieux connaître sa spiritualité pour mieux la transmettre à son tour.
-Paule Roudaut