samedi, 25 avril 2020 13:44

Confinées...

Comment nos soeurs vivent-elles cette période de confinement ? En communauté mais chacune différement...

 
Comment ai-je vécu le confinement ?
 
Alors que le nombre des malades augmente chaque jour à l’hôpital Jean Verdier au début du mois de mars, les services sollicitent la visite de l’aumônier. Mais à ce moment-là, aumôniers et  visiteurs d’hôpitaux  reçoivent l’ordre de ne plus visiter et même de ne plus se rendre à l’hôpital, afin d’éviter la propagation du virus. Aucune visite n’est autorisée, les familles ne peuvent plus venir rencontrer leurs proches. Tous les services se mettent en isolement. Le mot d’ordre est : « protégez-vous et protégez les autres». C’est  un moment difficile pour ceux dont la vocation est d’être proche des malades. Personnellement, j’ai l’impression de perdre ma raison d’être aumônier d’hôpital, puisque je  ne peux plus m’y rendre au moment où les malades auraient le plus besoin de moi, ne serait-ce que  pour une simple présence. Face à ce nouvel état des choses, la responsable des cultes au niveau du groupement hospitalier  propose que les aumôniers puissent être joignables par  téléphone, et en cas de besoin, qu’ils puissent se déplacer : une attestation stipulant une « nécessité de service » leur permettrait, le cas échéant, de circuler sans risque de contravention. 
 
Sur cette période, j’ai été sollicitée à 2 reprises : une demande de sacrement, où ma présence n’était pas nécessaire,  d’autant plus que je ne me sentais déjà pas bien. J’ai pu faire le test, qui s’est révélé positif. A partir de ce moment-là, j’ai vécu un confinement « à l’intérieur du confinement ».  J’ai donc expérimenté un double confinement.
Comme tout le monde, je suis restée à la maison… en communauté…dans ma chambre… afin d’éviter de contaminer  mes sœurs. C’était  mon grand souci.
 
J’ai vécu ce temps comme un pèlerinage qui  m’a permis de de faire de bonnes rencontres :
Rencontre  avec Dieu, à  travers différentes célébrations.
- Avec l’Eglise universelle: pendant le temps de confinement, je fais choix « d’aller au Vatican », tous les matins avec le Pape François.  Bien que l’horaire soit un peu matinal pour un temps de confinement, j’aime la dimension universelle de la célébration ; au Vatican, je suis avec l’Eglise-Mère, en communion avec tous les chrétiens du monde entier.
- Avec les Eglises diocésaines: grâce aux programmes de Radio Notre-Dame, avec le chapelet en direct de Lourdes, les petites conférences spirituelles que l’une ou l’autre sœur m’envoie. Tout ceci m’offre un bon apport spirituel,  indispensable pour mon âme, à un  moment où elle était bien affaiblie par le  confinement et plus encore par le coronavirus et les informations décourageantes (le décompte journalier des décès annoncés aux infos...) Confiance et Espérance sont les deux messages réconfortants  reçus le plus souvent par téléphone ou SMS en cette période.
- Par la liturgie du temps pascal vécue en communauté, plus particulièrement la prière des vêpres,  retransmises dans ma chambre par WhatsApp…
- Par le simple partage du mal-être avec un prêtre, bien sûr sans pouvoir recevoir le Sacrement de Réconciliation (car on ne peut pas le recevoir par téléphone) ; ce dialogue libère, afin de vivre pleinement la fête pascale  dans cette situation particulière. 
Par la rencontre personnelle avec le Seigneur à travers la méditation de la Parole, et parfois  par un simple acte d’offrande, une simple  présence, et  la réponse de Pierre à la question de Jésus: « M’aimes-tu ? » « Seigneur tu sais tout, tu sais que je t’aime. » (Jn 21, 17).
 
En temps de confinement, le déplacement physique est bien limité : chambre, salle de bain, chapelle une fois par jour,  jardin, au moment où les sœurs sont toutes dans leur chambre : c’était mon seul lieu de déplacement tous les jours. Et déjà beaucoup  par rapport aux nombreuses familles de notre entourage,  ou ailleurs dans des conditions difficiles…
 
En déposant sur une chaise derrière la porte de ma chambre le petit déjeuner (puis le déjeuner et le diner) sans oublier le thermos d’eau bouillante  « car il faut boire chaud et utiliser l’huile essentielle Ravintsara »,  mes sœurs me saluent gentiment. Certaines utilisent le portable et par SMS me demandent si j’ai bien dormi, si j’ai besoin de quelque chose… cette fraternité vécue, c’est « du bon médicament ». Avec mon masque, respectant la bonne distance, ou par SMS, je transmets quelques nouvelles à mes sœurs.
 
En ce qui concerne mon suivi médical, je suis surveillée à distance par l’équipe Covid-19 de l’AP-HP de Saint Denis. C’est un autre aspect de mes rencontres. A partir de 9h je suis connectée à l’internet pour remplir un questionnaire concernant mon état de santé depuis la veille: température, respiration, pulsation. Puis envoyer… attendre l’appel téléphonique… toute une « cérémonie » !  Au bout du fil un membre de l’équipe covid-19, interne, psychologue ou médecin,  me questionne sur mon état de santé, mon mode de confinement, sur l’impact de mon confinement pour « ma vie familiale »… une rencontre à distance, rassurante, qui contribue à me remonter le moral quand le doute  s’insinue ; une rencontre qui parfois ne se limite pas au coronavirus et au confinement mais aussi où la dimension de la foi peut être abordée, et où je sens l’intérêt de mes interlocuteurs.
 
Un pèlerinage exige une marche : chaque jour dans ma chambre, je fais quelques kilomètres, c’est indispensable pour la circulation du sang.  C’est l’occasion de regarder ce qui se passe dans la rue juste en face de ma fenêtre !  En confinement, je découvre autrement les habitants de notre quartier, ceux que je ne vois pas en temps normal  car ils partent tôt au travail en voiture, alors qu’en ce moment  ils sortent seulement pour la boulangerie ou la petite promenade.
 
En confinement, je ne me contente pas  d’accueillir  les autres chez moi (par téléphone), mais je me sens aussi missionnaire. Aller vers, sortir de soi, rejoindre les personnes là où elles sont, est le devoir d’un chrétien, et ces rencontres sont  enrichissantes. En dehors des téléphones à l’hôpital pour prendre des nouvelles, je prends contact régulièrement avec les personnes âgées connues au Service Evangéliques des Malades (SEM) de notre paroisse. Ce contact est toujours bien accueilli. Certaines personnes ne connaissent pas les richesses spirituelles offertes par la radio catholique, je leur fais connaitre.
 
Mon grand manque du vécu de ce temps de confinement est l’absence de l’Eucharistie durant les fêtes pascales,  première expérience dans ma vie chrétienne adulte. Un manque qui me fait proche de ceux qui ne peuvent pas vivre l’Eucharistie par manque/absence de prêtres. J’étais en communion profonde avec eux ainsi qu’avec les nombreux chrétiens privés de l’Eucharistie à cause de la pandémie. Comme avec les disciples d’Emmaüs, Jésus ressuscité vient à ma rencontre, me rejoint là où je suis : dans ma joie comme dans mon souci. Sans Lui je ne suis rien, je ne peux rien faire.
 
Merci à chacune de celles qui m’ont aidée  de différentes manières  à trouver le sens spirituel de ce confinement.
Sr Julienne fmm, Clichy s/Bois

 

 

 

Ce confinement a commencé en temps de carême, je me suis dit : « Tiens, c’est un désert, une traversée que tu vis avec Jésus »…Mais le désert est un lieu ouvert, à perte d’horizon, sans fermeture, un espace presque illimité…et de préparation à Pâques. Alors que j’étais en train de vivre des mesures strictes d’espace, de sorties, de portes fermées, de distanciation sociale etc…

Dès le début, ma décision a été d’accueillir et d’intégrer ce temps inédit. Dans ma prière plus longue et plus dégagée du rythme quotidien d’avant le confinement, l’Esprit du Seigneur est venu me rejoindre dans ma quête de sens…  Que nous arrive-t-il, qu’est-ce que cela veut dire ??

Il m’a dit très clairement : " Suzanne, toi qui fais de l’itinérance franciscaine chaque année, tu vois cette année je t’offre une autre forme d’itinérance. Celle de la faire d’une façon toute nouvelle que tu ne connaissais pas jusque-là. (Je ressentais un état intérieur différent : espace  élargi, temps allongé). Celle de la communion :  Va par MOI, et avec MOI,  en solitude, silence et relation, à tous ceux que je te fais revisiter en mémoire. Tu le feras par les moyens qui te sont donnés en ce confinement (tél, mails, SMS) et surtout par ta prière.  Sois ma Providence en leur faisant un signe de confiance, de patience, de fraternité et d’espérance." .

Cette parole de Marie de la Passion, notre fondatrice a pris alors une résonnance très vive et très actuelle … "Communion, ce mot me remplit"

C’est ce que je pratique modestement et tout simplement au fil des jours confinés, itinérants.
                

« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » Mt 28

Sr Suzanne fmm, Bruxelles

 

 

 
LE CONFINEMENT… le subir ? l’accepter ? C’est vrai, on a assez entendu dire qu’à 83 ans il fallait le prendre au sérieux… Donc, j’ai décidé non seulement de l’accepter, mais de l’embrasser. Et aujourd’hui j’ai 1000 raisons pour dire : MERCI au Seigneur et aux sœurs.
 
Le confinement en fait est physique, car l’esprit permet de s’en sortir. Heureuse de pouvoir atteindre par téléphone les personnes seules que je visite habituellement. Heureuse de constater la sérénité et la foi de certaines, et triste de la souffrance et l’état dépressif surtout d’une personne isolée qui dit : « je ne fais que pleurer… je ne peux communiquer qu’avec mon chat ».
 
Les contacts téléphoniques ont fonctionné aussi avec les membres de la fraternité franciscaine que j’accompagne. Quant à celle de St Vincent de Paul, nous avons pu avoir nos réunions habituelles par téléconférence. Merci Seigneur pour les moyens modernes de communication !
 
 « les saints de la porte d’à-côté » sont devenus palpables :
Ce maraîcher qui laisse plusieurs sacs de pommes de terre à l’entrée de notre jardin, ce qui nous a permis de partager largement avec les familles en difficulté. Cette femme qui fait ses courses et dépose discrètement une salade à notre porte. Cette autre qui arrive pendant notre repas et à travers la fenêtre de la salle à manger nous offre un délicieux gâteau. Cette mère de famille, qui vient prier à la chapelle, nous apporte des fleurs de son jardin… Que le Seigneur les récompense !
 
Les célébrations de carême et de Pâques ainsi que les Eucharisties quotidiennes à distance, je les ai senties plus savoureuses que jamais.  Combien nourrissantes  les homélies du Pape François.
 
Les célébrations simples et profondes de renouvellement des vœux de Sr Catalina et l’entrée au pré-noviciat de Claire, ont été vécues en fraternité avec une immense joie. Invitation à renouveler nos propres « oui ».  La visite provinciale, grâce aux moyens modernes de communication a été possible et bien vécue.
 
Ce temps m’a rendue plus attentive aux multiples gestes fraternels qui se vivent pourtant au quotidien. Les plus jeunes, d’une manière si simple, s’offrent spontanément pour poster les lettres, courir à la pharmacie et 1000 autres services.  Mon merci spécial à elles.
 
L’attention délicate et créative de notre responsable avec ses propositions variées rend la situation agréable: lever ½ heure plus tard que d’habitude, films intéressants, jeux de société, cuisine avec la possibilité pour chacune de nous faire déguster les plats typiques de son pays, ainsi que  les repas prolongés autour d’un thé, d’un café ou d’un chocolat sont des occasions de relax et de joie vécue ensemble.
Tous les soirs à 20 heures, nous joignons tous ceux qui, de leurs respectives fenêtres, applaudissent en signe de reconnaissance ceux qui se donnent au soin des malades.
 
Seigneur, j’ai envie de te dire : MERCI ! Et je t’en prie, aide nous tous, à sortir meilleurs de cette situation pandémique.
 
Sr Teresita fmm, Oullins   
 
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