Dans la première conférence, Fr Bruno Demoures, Moine de Tamié, nous a parlé de la "Dynamique biblique de la conversion et de la prophétie".
L’Évangile de Marc commence par cette invitation à la conversion : « Les temps sont accomplis, convertissez vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Métanoïa, ce mot grec utilisé par Marc signifie « changement de vue" et "renversement de la pensée ».
Le moment est venu…Nous sommes dans le kairos de Dieu, ce qui signifie l’irruption de Dieu dans l’aujourd’hui. C’est aujourd’hui que Dieu vient…
Nous sommes invités à entrer en relation avec le Christ, à lui donner notre confiance, à le suivre…
Entrer dans la dynamique de la conversion c’est reconnaitre que nous ne sommes pas encore dans la charité parfaite mais, appelés par le Fils, nous entrons dans un cheminement qui nous mènera vers la perfection de l’amour.
La deuxième conférence, par Mme Anne-Cathy Graber et P. Luciano Couto, était un témoignage sur "la Communauté, signe du Royaume, vécue par la communauté du Chemin Neuf".
Ils ont souligné deux signes particuliers dans leur expérience de la communauté : collaboration entre laïcs et consacrés et collaboration entre différentes confessions.
Le modèle de la communauté comme signe du Royaume nous vient, disent-ils, de l’univers johannique. Le Royaume est parmi nous, il n’est pas seulement pour le temps à venir, pour le temps eschatologique. Le signe de ce Royaume au milieu de nous c’est l’amour des uns pour les autres. Le Christ a dit : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres ». Jn 13, 35.
Dans la Bible on voit des foules nombreuses qui suivent le Christ. Il est le centre de toute vie chrétienne, pas seulement des personnes consacrées.
Le Chemin Neuf est né mixte. Les consacrés en famille et les consacrés dans le célibat forment une seule communauté. Ce qui les unit c’est l’amour pour la mission. Ils y vivent un enrichissement mutuel des états de vie.
Le Chemin Neuf réunit des personnes de différentes confessions. Leur vocation, c’est de donner leur vie pour l’unité des chrétiens. C’est un humble chemin de vie partagé au quotidien. Dans une Eglise divisée, ils se tiennent ensemble dans le lieu de tension. L’Eucharistie est célébrée tous les jours mais nous ne communions pas ensemble, soulignent-ils. Nous portons ensemble la tension. Nous ne sommes pas encore UN mais nous croyons que cette unité viendra. Se tenir dans cette brèche, c’est une prophétie.
Dans la troisième conférence, Fr Nicolas Burle, dominicain, nous a fait voyager sur le net. « ‘’Missionnaires du continent numérique’’, Quels impacts de la révolution numérique sur la vie religieuse ? »
L’internet a changé notre façon de vie, notre mode de communiquer. Il a changé notre rapport à la famille, à l’histoire, au temps… Il est signe d’un changement anthropologique.
L’internet accélère tout. Il est capable de me mettre au centre, d’organiser la vie autour de moi. Je dis mon désir et le moteur de recherche me fait des propositions ; il me devance même. Avant que je ne formule mes questions, il me fait des propositions.
La foi chrétienne nous propose d’entrer dans un autre rythme : savoir attendre, hiérarchiser « les urgences », regarder ce qui est essentiel…
Elle nous invite à entrer dans un rythme humain, réel ; dans une vraie rencontre avec l’autre, avec le Tout Autre.
Mais les chrétiens ne peuvent pas déserter ce continent numérique non plus. C’est un outil qui rend de nombreux services, qui améliore bien notre vie.
Quelle puissance les chrétiens ont-ils sur l’internet ? s’interroge frère Nicolas.
Il s’agit de faire émerger une présence qui écoute, encourage, dialogue… Chrétiens, nous sommes les êtres de la parole. Il nous faut être audible au delà du bruit. Il nous faut rendre visible le Corps du Christ qu’est l’Église ; l’Église qui est au service et non pas au centre.
Oui, il faut être présent sur le web mais, quelle qualité de la vie religieuse présentons-nous ? Parlons-nous du Christ ou de nous ? Quelle Bonne Nouvelle transmettons-nous ?
Durant ce forum il y avait aussi des ateliers sur une quinzaine de thèmes dont la chasteté, la pauvreté, l’obéissance, l’ascèse, la vie spirituelle, la prière, le discernement, les communautés nouvelles, la place des laïcs, le monde de la communication.
J’ai eu la joie d’animer l’un de ses ateliers sur « les engagements prophétiques franciscains », vécus dans notre famille des franciscaines missionnaires de Marie.
Pour exprimer quelques aspects prophétiques de notre spiritualité, j’ai choisi un passage de la Règle de St François : « Les frères peuvent envisager leur rôle spirituel de deux manières; ou bien, ne faire ni procès ni disputes, être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu, et confesser simplement qu'ils sont chrétiens; ou bien, s'ils voient que telle est la volonté de Dieu, annoncer la Parole de Dieu, afin que les païens croient au Dieu tout puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de toutes choses, et en son Fils Rédempteur et Sauveur… ».
et un autre de nos Constitutions : « En artisans de paix et de réconciliation, nous travaillons à rendre le monde plus juste, plus humain, pour accéder avec tous, à la libération totale dans le Christ.
La présence eucharistique et la vie évangélique en fraternité, la prière, l’offrande de nos souffrances, sont notre première forme d’évangélisation, parfois la seule possible. »
J’ai voulu souligner qu’un engagement prophétique n’est pas réservé à quelques unes : toutes nous sommes appelées à être uni à l’offrande du Christ dans tout ce que nous faisons et ce que nous vivons, à faire de notre vie une « vie d’offrande » permanente, à croire, comme dit notre Fondatrice, à la puissance de la prière jointe à l’action.
En tant que franciscaines, nous voulons vivre en soeurs, en toute simplicité, dans un esprit de minorité, en artisan de paix…
Trois exemples des engagements prophétiques franciscains vécus par nos sœurs :
Province du Japon
Province de Madagascar
Soeur Elzbieta fmm, Oullins